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Photo du rédacteurJudithGeneviève

Hommage aux seins


Totons, lolos, nichons, boules, poitrine… As-tu déjà pris du temps pour réfléchir aux seins? Il y a quelques mois, mes partenaires Geneviève et Mélissa et moi avons décidé de participer au trek d’orientation le Rose Trip dans le désert du Sahara en octobre 2022. Une partie des montants amassés est remise à l’association Ruban Rose , un organisme qui sensibilise au dépistage précoce et au suivi des cancers du sein en plus de soutenir la recherche sur cette maladie.


Pour notre entreprise, Judith Geneviève, le respect du corps et de sa diversité est primordial. Ce projet de randonnée écoresponsable, féminin et solidaire nous rejoint donc directement. Ça m’a du coup amené à réfléchir à cet organe, le sein, qu’on dit accessoire mais qui joue un rôle fondamental.


A priori, les seins sont symboles de féminité. À l’aube de l’adolescence, toute femme en devenir les voit se former, lentement ou rapidement, dans la joie ou la douleur. Qu’elle les attende avec impatience ou qu’elle les refuse, cette période est marquante pour toute jeune fille. Te souviens-tu de l’arrivée de tes seins? Moi, clairement, surtout qu’ils ont poussé très rapidement alors que j’étais tout juste en 5e année.


Avoir une poitrine, c’est le début d’une nouvelle responsabilité. Il faut les soutenir avec la bonne brassière, les soigner lorsqu’ils sont douloureux une fois par mois, les protéger du regard intrusif des malintentionnés. Ils sont parfois à notre goût, parfois trop petits, trop gros, asymétriques, tombants, poilus... Il faut nécessairement les apprivoiser, les assumer, les accepter comme faisant partie de notre identité.


De nouvelles sensations accompagnent leur arrivée. S’ils tombent entre des mains bienveillantes, c’est un temps d’exploration, de découverte, de plaisir, de jouissance. À l’inverse, on peut vouloir les camoufler s’ils attirent l’attention des mauvaises personnes. Combien de femmes m’ont confié avoir subi des attouchements non désirés, non consentis. Difficile pour elles d’assumer par la suite positivement cette nouvelle partie de leur anatomie.


Avec les seins émerge aussi la conscience d’un certain pouvoir d’attraction; ils attirent le regard de plusieurs, sans contredit. Alors que certaines femmes cherchent à les mettre en valeur, s’en servent pour plaire, d’autres les camouflent sous des soutiens-gorge serrés ou encore voûtent le dos pour les effacer un peu. L’attraction des seins n’est pas vécue de façon identique par toutes les femmes.


Il y a aussi les seins trahison. Des seins qu’on voudrait désespérément voir apparaître lorsqu’on est né dans un corps d’homme. Ou l’inverse : des seins qu’on voudrait tant voir disparaître lorsqu’on ne se sent pas femme. Ou encore les seins qui rendent mal à l’aise, puisque jugés trop imposants, ou ceux qui blessent le dos ou le cou parce que trop lourds.


Sans compter les seins mutilés, retirés à cause d’un cancer ou d’une autre maladie. Comment apprivoiser le retrait d’un marqueur si fondamental de la féminité? Comment rester femme alors qu’on n’a plus de seins?


Pour plusieurs arrive ensuite la période du sein-nourricier. Il s’agit d’un moment où le sein acquiert une nouvelle fonction, celle de nourrir. Le sein devient utile. Le sein-nourricier appartient soudain à quelqu’un d’autre, qui en aura besoin le temps de se développer.


Lorsque l’allaitement se passe bien, le sein fait vivre un sentiment de plénitude, procure une expérience profondément humaine, transcendante. Dans le cas contraire, c’est généralement un moment de grande impuissance, un sentiment d’échec qui est vécu par celles qui auraient souhaité allaiter. C’est une expérience qui peut également être très douloureuse, le bébé blessant le sein parfois jusqu’au sang. La femme porte alors le poids de la décision sur ses épaules : continuer ou cesser d’allaiter?


Une fois l’expérience de l’allaitement vécue, il faut ensuite réapprivoiser ces seins-plaisir, transformés, mais qui nous appartiennent à nouveau. Pas si facile, puisqu’on ne les reconnaît parfois plus du tout.


Bref, me pencher sur les seins m’a permis de constater à quel point ils sont chargés symboliquement et nous accompagnent dans les grandes étapes de notre vie. Ils peuvent prendre plus ou moins d’importance au fil du temps, mais ils ne sont jamais neutres. C’est pourquoi j’ai voulu leur rendre hommage. Donnons à nos seins tout le respect qu’ils méritent.


Judith Petitpas, travailleuse sociale


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