Lorsque je suis revenue de mes dernières vacances, j’ai entendu mon corps me parler. Ou plutôt, me crier : il me disait que j’avais trop mangé ces dernières semaines et consommé des aliments difficiles à digérer. Il ne voulait littéralement plus rien avaler! J’ai souffert de douleurs à l’estomac durant 2 semaines, puis cela s’est estompé. J’ai pu me nourrir à nouveau et très graduellement me réconcilier avec mon corps.
Cet épisode m’a amené à m’interroger : est-ce que je mange trop? Il vient un temps, peut-être avec l’avancée en âge, où cette question semble s’imposer. Peut-être ressens-tu également le besoin d’effectuer une réflexion à ce sujet? Je te propose ici trois pistes pour guider ta réflexion.
Manges-tu trop : le quand
As-tu remarqué s’il y a des moments en particulier où tu manges trop?
Amorce ta réflexion en t’intéressant aux moments de la journée. Est-ce que tu manges trop avant midi, après midi, le soir ou la nuit? Qu’y a-t-il à ce moment précis qui te donne envie de manger beaucoup? Le stress du début de la journée, la fatigue du milieu, la décompression de la soirée ou le calme de la nuit?
Puis, analyse si tu manges davantage la semaine, la fin de semaine ou durant tes vacances. Est-ce que la semaine est à ce point éprouvante et stressante que tu ressens le besoin d’anesthésier ces émotions? Qu’y a-t-il durant la fin de semaine qui te pousse à bien te remplir? Et tentes-tu de compresser tout ce que tu veux vivre en une vie durant ta courte période de vacances annuelles?
Enfin, demande-toi si tu manges trop lorsque tu es seule ou seul ou plutôt lorsque tu manges en commensalité[1]? Manges-tu souvent en solo, ce qui t’amène à déborder d’enthousiasme lorsque tu manges avec d’autres? À l’inverse, es-tu souvent entouré et manques-tu de solitude? Et ces moments de repas partagés, sont-ils désagréables ou conflictuels, générant en toi un besoin de réconfort et de chaleur humaine?
Manges-tu trop : le quoi
Poursuis ta réflexion en t’interrogeant sur ce que tu manges.
Lorsque tu manges, tu incorpores des aliments[2]. Sur le plan sociologique, cela signifie que symboliquement, tu incorpores les propriétés de cet aliment.
Demande-toi ce que représente l’aliment ou le repas incorporé. Du piquant dans une vie trop terne? Un relâchement dans une vie trop contrôlée, trop sévère? Du plaisir? Est-ce que cette prise alimentaire représente une compensation pour un trop plein de stress, une perte de sens ou encore un rythme de vie trop rapide, trop lent ou pas assez stimulant? Pourquoi as-tu besoin de ressentir autant de plaisir? C’est une question que nous pouvons collectivement nous poser : avons-nous perdu la capacité de vivre simplement le quotidien? Notre quotidien est-il devenu si lourd à supporter qu’il faille l’enrober de sucre, de gras ou de sel?
Manges-tu trop : le pourquoi
Termine la réflexion en te demandant pourquoi tu manges trop.
Aimes-tu la sensation de trop-plein? Sentir ton ventre bien rempli, bien gonflé, te rassure-t-il? Cette sensation comble-t-elle maladroitement un profond sentiment de vide? As-tu besoin de ce remplissage pour ressentir ton corps? Pour avoir l’impression d’exister? À l’inverse, comment te sens-tu quand ton ventre est vide?
En conclusion, l’arrêt imposé par mon corps m’a forcée à me questionner, à me recentrer sur mon corps et sur ses besoins, à mieux l’écouter afin de lui offrir des aliments bons pour lui et dont il avait envie. Je ne parle pas ici de suivre un régime, ni de me priver de tel ou tel aliment, ou de perdre du poids. Je parle de faire du bien à mon corps, simplement, en étant attentive à lui, en faisant attention à moi.
Et toi, que te dit ton corps?
Judith Petitpas, Travailleuse sociale
[1] Va consulter mon article sur le cellulaire à table pour en apprendre plus sur la commensalité, qui est le fait de partager un repas avec quelqu’un. [2] Claude Fischler, L’Homnivore, Éditions Odile Jacob poches, Paris, 2001.
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